Florence Laprat





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September 2025, solo exhibition, It looks like you like what you do, the41, Brussels, BE
February 2025
, Contrapunctal Spaces, Peter Gaugy gallery, Brussels, BE
July 2024, Being Human, the Painting Center, NY, US
July 2024, Guests and Tenants Star Suites, NY, US
May 2024, Saint and Sinners, Grand Hospice, Brussels, BE
April 2024, Heart-Shaped, Art brussels OFF, Brussels, BE
March 2024, Open Studio, 41 Varick Ave.NY, US
February 2023, Down by the Sea Engines, Les Iles Mardi, Brussels, BE
October 2022, Free Wheelie, Sparewheel, Brussel, BE
September 2022, solo show, Friends from Tomorrow, Ada Ventura, BE
September 2022, Rodolphe and the Humans, Windows, Brussels, BE June 2022, Collectionneur collectionné, espaceprivé1050, BE
June 2022, Grasshopper, Moonens Foundation, BE
April 2022, Tender Wires, Ada Ventura, BE
October 2021, Skinshores, private space, BE
October 2021, Se désertifier, Ada Ventura, BE
April 2021, Travail Silencieux, private space, BE
June 2019, From me my shadow, Moonens Foundation, BE
April 2019, Purl Stitch, private space, cdlt gallery, BE
March 2019, Prix Médiatine Wolubilis, BE
February 2019, Ancolie, Moonens Foundation, BE
June 2018 Graduation show, Espace Vanderborght, BE
January 2018 Tate Exchange, Tate Modern, London, UK
November 2017, Violet haze, Central Saint Martins, London, UK
May 2017 Blow up, Jewish Museum of Belgium, BE
April 2017 NU with the courtesy of Frédéric de Goldschmidt, BE
April 2016, group show at Friche, Pias buildings, BE


Tout commence par ce que l’on observe dans un café, dans le métro, ou sur un banc : des
couples qui s’enlacent, des passants interloqués, un accident, une dispute. Puis, il y a ce qui se joue entre ces figures — l’invisible. Cet invisible est fait d’émotions qui circulent à traver les corps, au sein d’une dynamique collective. C’est ce bruit intérieur, comme je le nomme qui donne à ma peinture son élan premier. Je suis davantage attachée à la vibration d’un situation qu’à son image. Lorsque je peins, je ne cherche pas une restitution visuelle, mais une perception émotionnelle.

Aucune de mes œuvres ne naît d’une photographie ni d’un dessin préparatoire. Elles
prennent forme à partir de la mémoire : ce qui subsiste d’une scène — son chaos, sa
tendresse, sa douceur, son spectre émotionnel. Mon urgence de peindre vient de ce désir
de raconter des émotions fugitives, impalpables, uniques, dont l’instant appartient déjà au passé. L’être humain se construit tout au long de sa vie dans le mouvement de ce flux
incessant. Peindre, pour moi, c’est tenter d’apprivoiser ce mouvement.

Sur la toile, les éléments paraissent en équilibre instable, démesurés parfois, rythmés
toujours. Ils sont déposés comme des fragments d’existence, porteurs d’un moment précis, non reproductible. J’aborde souvent une peinture par un trop-plein de sensations que j’efface peu à peu, jusqu’à en préserver l’essence narrative. Si les formes murmurent des bribes d’histoires, c’est la couleur qui leur donne une intonation.

Mes personnages, quant à eux, sont réduits au silence. Ma peinture fait taire la rue, le
vacarme des vivants, pour n’en garder que des récits implicites et éphémères. Ils ne se
parlent pas ; ils se traversent, détachés mais ancrés. Leurs âmes, dans une sérénité
lointaine, nous regardent vivre autant que nous les regardons exister — comme des
fantômes immuables. Ils portent en eux les instants que j’ai laissés partir. Ils sont les
témoins de mes souvenirs, de ce que j’ai accepté de perdre.

Quand je commence à peindre, j’ai toujours l’impression d’avoir tout oublié. L’œuvre à venir
m’est étrangère. Je l’apprivoise dans un dialogue muet entre le corps, le geste et le regard À mes yeux, il n’existe pas de vérité dans une œuvre, si ce n’est l’intuition qui la fait naître — cette intuition que je poursuis, sans jamais vraiment la retrouver. Elle est le fruit de la mémoire et de l’expérience, et elle s’exprime dans la simplicité du corps. C’est cette
simplicité parfois insaisissable qui constitue le mystère nécessaire à toute œuvre.

Car une œuvre, pour moi, doit toujours contenir une part d’ombre, un secret. C’est ce qui la
distingue de l’image. L’image se lit. L’œuvre, elle, se dérobe Pour peindre, il faut d’abord vivre. Il faut accepter l’instabilité et l’absurdité de l’existence, et se confier à l’inconnu avec confiance et vulnérabilité. Il faut accepter qu’on ne sait jamais rien, et que la seule réponse possible réside dans la fluidité du corps, du geste, et du regard. 

Florence Laprat, 2025